Un peu d’histoire...
L’histoire des épices remonte à l’antiquité. En Egypte ancienne, les morts étaient embaumés avec des épices afin de communiquer avec les Dieux. Les épices étaient utilisées comme aliments mais aussi comme médicaments et comme parfums.
Les Phéniciens puis les Grecs ainsi que les marchands arabes faisaient le commerce des épices en provenance d’Orient. Au I° siècle avant J.C., les épices de l’Océan indien sont acheminées par voie maritime puis par le golfe persique vers le bassin méditerranéen ou par la « route de la soie » pour les épices en provenance de Chine. Compte tenu des difficultés rencontrées en cours de route, les épices constituaient une denrée rare et précieuse : elles servaient ainsi, au Moyen-âge, de monnaie d’échange (tel le poivre). « Payer en épices » a donné l’expression contemporaine « payer en espèces », le mot épices étant dérivé du latin « species », (espèce, substance). Jusqu’au 15° siècle, le commerce des épices avec l’Inde et la Chine est aux mains exclusives des marchands arabes et des vénitiens et génère des profits considérables. Le Portugal va mettre un terme à ce monopole, en découvrant la route des Indes par le contournement de l’Afrique, à la fin du 15°siècle. Les Portugais affrontèrent les marchands arabes pour contrôler le marché de l’Océan indien et s’implantèrent dans le sud-ouest de l’Inde et à Ceylan où ils exploitèrent les forêts de canneliers, puis le giroflier et le muscadier qui ne poussaient que dans les îles Moluques découvertes par le navigateur portugais Magellan. Les Espagnols puis les Hollandais se lancèrent également dans la course aux épices, en créant des monopoles (sur le clou de girofle et la muscade notamment). Au début du 17°siècle, l’Angleterre crée la Compagnie des Indes Orientales Anglaises et installe des comptoirs de négoce suivie en cela par les Hollandais dans l’île de Java. Les Anglais avec l’Inde et les Hollandais avec Java contrôlent le commerce des épices. Les Français vont créer, à leur tour, des comptoirs en Inde (Pondichéry, Chandernagor..) Et plus tard, acclimatent des plants aux Seychelles, à la Réunion, Madagascar, aux Antilles. Les Anglais en font autant dans leurs colonies. Le monopole des épices tend à disparaître et les cours commencent à chuter. Les Américains se lancent à leur tour dans l’aventure des épices, au XVIII° siècle. A partir du XIX° siècle, les épices se cultivent partout dans le monde.
Actuellement, 45% des épices vendues dans le monde sont d’origine indienne dont 1/3 produites dans l’état du Kerala, situé au sud-ouest du pays.
L’Indonésie reste cependant un des plus gros exportateurs de poivre, gingembre,
cannelle, muscade, girofle (îles Moluques).
Les pays d’Amérique centrale et d’Amérique du sud sont également bien présents sur le marché mondial, ainsi le Brésil est un gros producteur de poivre et de cannelle et le Mexique produit : piments, anis, cumin, sésame, origan, poivre de Jamaïque et vanille bien sûr, qui trouve son origine dans ce pays.
Les îles caraïbes produisent également : piment, anis, cumin, sésame, cardamome, vanille, muscade et poivre de Jamaïque ou « toute épice » d’après le terme anglais « allspice » tant son arôme rappelle celui de la noix muscade, de la cannelle, du gingembre, du clou de girofle et du poivre.
L'île de Grenade produit le quart de la muscade consommée dans le monde
La Chine produit du gingembre, des piments, de l’anis, du poivre, de la coriandre….
Madagascar cultive la vanille, le girofle, le poivre, le piment et la cannelle.
Maurice et la Réunion produisent : muscade, vanille, poivre et piments.
Le Maghreb fournit cumin, safran, coriandre,sésame et l’Espagne, avec le safran d’Andalousie est le 3° producteur de safran après le Cachemire et l’Iran.
Le Sri Lanka produit surtout la cannelle qui est originaire de ce pays mais aussi du poivre, du girofle, de la muscade…
Il faut souligner que le poivre, à lui seul, représente ¼ du commerce mondial des épices, les principaux producteurs étant l’Inde (dont l’Etat du Kerala), la Malaisie, l’Indonésie et le Brésil.
Cette épice est d’autant plus importante pour l’Inde qu’elle en est originaire et que la production indienne de poivre représente le 1/4 de la production mondiale.
L’Inde et le Kerala
Le parfum des poivres est différent selon les régions de production et le poivre de la côte de Malabar au Kerala est le plus prisé.
Le Kerala constitue une des principales zone de production de poivre et d’épices de l’Inde.
Cet Etat, situé dans la pointe sud-ouest de l’Inde, surnommé le « jardin des délices » en raison d’une nature luxuriante et généreuse (climat chaud et humide) fournit le tiers de la production nationale d’épices.
Situé au carrefour de l’Orient et de l’Occident, avec son principal port Cochin ouvert sur la mer d’Oman et l’Océan indien, il est isolé du reste de l’Inde par une chaîne de montagnes : les Ghats occidentaux et ses côtes sont parmi les plus belles du monde. Elles ont été, hélas, durement touchées par le ras de marée dévastateur qui a fait des centaines de milliers de victimes autour de l’Océan indien, en Décembre 2004.
Les montagnes des Nilgiri, au sud, et les collines de Cardamome constituent les principaux lieues de production d’épices : la cardamome, bien sûr, mais également la muscade, la cannelle, le gingembre, le clou de girofle, le cumin, le safran, le poivre et la vanille.
L’Etat du Kerala a fait de gros effort sur la valorisation de la qualité de ses produits, ainsi la vanille et le poivre (les dernières normes internationales en matière d’hygiène alimentaire par exemple sont scrupuleusement respectées, ouvrant ainsi des marchés à l’exportation).
Pour ses raisons, les petits producteurs de poivre du Kerala n’ont aucun mal à écouler leur marchandise à bon prix.
L’inde produit d’autres épices comme le fenugrec au Rajasthan et en Uttar pradesh, ou la coriandre.
Madagascar
Comme les Comores ou la Tanzanie, cette très grande île de l’Océan indien, située au large des côtes du Mozambique, tire une part importante de son revenu du commerce extérieur, de l’exportation des épices dont le poivre (Côte Est et Nord Ouest : plantations industrielles et à petite échelle), la vanille, le girofle, la cannelle (petits producteurs).
Sur le marché traditionnel de la vanille, Madagascar risque souffrir de la concurrence de nouveaux pays producteurs (Inde, Indonésie, Papouasie, Chine…), attirés par la hausse des cours du produit ces dernières années.
Mais, le pays peut développer la culture de certaines épices demandées sur le marché mondial, ainsi le curcuma, le gingembre, la cannelle, le poivre rose, les piments….qui existent déjà dans l’île.
Les conditions climatiques notamment tropicales régnant à Madagascar sont propices à la culture de nombreuses épices.
Madagascar, à l’instar de l’Inde, pourrait adopter une politique volontariste de valorisation de ses produits à l’exportation et ainsi développer de façon conséquente, sa production d’épices.